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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 21:29

 

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Léché à l'Aveugle - Enki Bilal

 

 

                           
 

 

 

 

Chap 3 - Freedom -


 

 

Solo, I'm a soloist on a solo list
All live, never on a floppy disk
Inka, inka, bottle of ink
Paintings of rebellion
Drawn up by the thoughts I think

........

 

 

          La chasse et la pêche occupaient une bonne partie de son temps. Elle devait partager son territoire avec les loups et les ours mais la proximité de la forêt, les nombreux cours d'eau et l'absence de présence humaine en avait fait un lieu giboyeux. En « été » la cohabitation se passait assez bien. Chacun observant les autres sans véritablement sans préoccuper. L'abondance de gibier et les estomacs bien remplis rendaient débonnaire l'ours le plus agressif. Mais durant l'hiver, elle n'oubliait jamais que prédateur pour certains elle était un gibier potentiel pour d'autres.


          Elle renouait avec la civilisation, trois ou quatre fois par an afin de s'approvisionner en objets et denrées qu'elle ne pouvait pas fabriquer ou produire elle même. A chaque voyage elle changeait de ville et choisissait de préférence des périodes de foire. Le nombre d'étranger et la fébrilité ambiante étaient les meilleurs garant de son anonymat. Ces excursions étaient à la fois un plaisir et une souffrance. Le bruit, le grouillement humain l'indisposaient mais cela lui permettait de donner libre cours à ses désirs. Elle n'avait jamais pu se passer des plaisirs charnel. Cette abstinence forcée était parfois dure à supporter. Elle profitait donc de ses passages en ville pour assouvir ses pulsions. Peut être sa libido diminuerait-elle au fur et à mesure que les rides creuseraient son visage mais elle en doutait. Un jour, elle serait obligé de payer pour satisfaire ses besoins. Elle en avait conscience et cela ne la dérangeait pas. Mais pour l'heure trouver des partenaires n'avait rien de compliqué. Il lui suffisait de repérer la taverne la plus fréquentée et de laisser son charme agir. Là où il y a du vin, il y a des hommes et du sexe.


          Homme ou femme, peut lui importait, par contre la bêtise et la vulgarité étaient rédhibitoires. Elle détestait plus que tout les bellâtres sophistiqués. Elle préférait se faire culbuter à la hussarde par un barbare sentant le crottin de cheval et la bière et dont les jeux érotiques avaient la délicatesse de ceux d'un homme de cro-magnon plutôt que de laisser un de ces minets arrogant la toucher. Tout chez eux lui vrillaient les nerfs. Quand ils l'abordaient, elle s'enfermait dans un mutisme glacial,réprimant l'envie de leur enfoncer son couteau dans la gorge. Quelle jouissance ce serait de les regarder s'affaisser lentement à ses pieds. Dieu ce que se serait bon.


           Parfois elle rencontrait son semblable. Un homme ou une femme qui avaient fait les mêmes choix qu'elle. Leur solitude respective s'attirant l'une l'autre. Avec le temps, elle parvenait facilement à les repérer. La lueur qui animait leur regard à chaque fois qu'un quidam souillait leur espace vital était caractéristique. Un mélange subtil entre l'envie de le tuer et de le sauver de sa bêtise. Elle aimait ses rencontres. Tout comme elle, ils ne demandaient rien et n'attendaient rien. Se réchauffant le corps à défaut du coeur dans des étreintes anonymes. Cependant ces rencontres étaient rares et, la plupart du temps, elle devait se contenter de voyageurs de passage, sorte de frères, naviguant dans un monde qui n'était pas le leur. La différence étant qu'elle l'avait choisi et qu'eux le subissaient.

 

     Si ses conquêtes lui plaisaient suffisamment, elle les gardait pour toute la durée de son séjour. Sinon elle en changeait chaque soir. Elle préférait la première option. Les heures et les jours passant, permettaient aux corps de s'harmoniser et d'explorer plus en profondeurs les envies de chacun. Mais l'être humain étant ce qu'il est, au bout de deux trois jours la plupart ne pouvait s'empêcher de poser des questions ou pire se mettait à raconter leur vie. Elle renvoyait alors l'inopportun. Elle ne voulait rien savoir d'eux. Ils étaient de simple objets de jouissance. Juste des visages et des corps qu'elle s'empressait d'oublier pour ne se souvenir que des sensations. Sensations qu'elle se remémorait lors de ses plaisirs solitaire.

 

...

 

 

 


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