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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 11:32

 

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Léché à l'aveugle - Enki Bilal -

 

 

                           
 

 

 

Chap 8 : Intermezzo Liberté

 

 

.......... 

       Elle ne prit pas la peine de se dévêtir et s'allongea sur son lit. Son visage avait à peine touché l'oreiller que déjà elle dormait. Lorsqu'elle se réveilla, la douleur la rappela à l'ordre. Elle se leva en boitillant. Doucement elle déposa son pied endolorie sur un petit tabouret. Elle remonta son pantalon et examina sa cheville. La cicatrise était belle. Les chaires n'étaient pas boursouflées, ni érythème ni inflammation. Il avait fait un excellent travail. Elle prit un flacon et l'ouvrit. Du bout des doigts elle étala délicatement la pommade sur sa cheville. La cicatrise disparaîtrait d'ici quelques jours.
 
Un halo de fumé entourait la source chaude. Elle pénétra dans l'eau. Son corps et son esprit se délassèrent instantanément. Ici elle oubliait tout. La fureur et le sang, le monde et sa cohorte d'imbécile. Peut importe ce qu'ils pensaient, ce qu'ils faisaient ici tout n'était que calme et volupté. Elle était hors de leur atteinte. Elle ne prit pas la peine de se rhabiller pour retourner à l'intérieur. La morsure du froid sur sa peau la fit frissonner. Elle fit un énorme feu puis enleva le plaid du canapé et l'étala devant la cheminée. Elle s'allongea et se rendormit.

La faim, la sortie de son sommeil. Elle dévalisa la cuisine et prit le corridor menant au jardin. Framboises, fruit de la passion, groseilles viendraient achever son repas. Elle s'assit au pied d'un arbre et remua ses orteils dans l'herbe afin dans éprouver la douceur. Elle étala son festin devant elle et commença à manger. Une fois repue, elle se concentra sur sa cheville. Le baume avait déjà fait son effet. Elle ne sentait quasiment plus de douleur lorsqu'elle posait le pied à terre. Une semaine et elle serait totalement rétablie. Elle retourna dans le salon et récupéra son livre qu'elle avait abandonner sur l'accoudoir du fauteuil. Rien. Il ne s'était rien passé. Elle avait déjà oublié leurs visages.

Sa convalescence fut douillette et agréable mais rester trop longtemps enfermé la rendait neurasthénique. Il était temps qu'elle sorte. Le froid était vif mais tout à fait supportable. Elle talonna son cheval et parti au galop vers son terrain de chasse favoris. Les traces d'un caribou se dessinaient très nettement dans la neige. Elle les suivit un petit bout de temps. Elle aperçut l'animal. Elle était trop loin pour tenter de décocher une flèche et rien ne permettait de se dissimuler pour se rapprocher. Elle descendit de cheval et se plaça le long de ses flancs. Ainsi caché et son odeur couverte par celle de sa monture, elle pourrait s'approcher suffisamment pour pouvoir tirer. Sa ruse fonctionna. Le caribou ne se méfia pas et resta tranquillement à boire. Arrivé à 50 mètres de sa cible, elle arrêta son cheval, prit son arc,visa et tira. Elle le toucha en plein cœur. L'animal s'écroula sur place. Elle rangea son arc et s'approcha. Elle le dépeça, gardant les meilleurs morceaux pour elle et laissant les autres au bons soins des charognards. Elle détacha de l'arrière de sa selle un petit traîneau. Elle le fixa avec des lanières et y déposa son butin.

La journée de chasse avait été fructueuse et sa cheville ne l'avait pas du tout fait souffrir. Elle sortie sur la terrasse. Des aurores boréales illuminaient le ciel. Elle s'installa sur le promontoire afin de profiter du spectacle tout en dégustant son repas.

 

 


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